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Le Comte (Chapitre 2 – quatrième partie)

Le téléphone sonne.
Le téléphone sonne toujours quand douze de mes travaux viennent de disparaître à cause d’un bug et ça n’a pas sauvé et que trente mails de mon « patron » s’entassent dans ma boîte. Mais ce n’est pas lui au bout du fil.
C’est quelqu’un d’autre. Une voix que je n’ai plus entendue depuis… Depuis la dernière fois qu’une phrase sibylline m’a été ainsi jetée au visage.

 

— Les Gators sont bien placés dans le classement AP cette année. Ils ont de bonnes chances d’être champions.

La réponse me saute aux lèvres :

— Mais les sœurs Williams sont toujours en tête.

Un jour, il faudra que j’arrête de lui laisser choisir nos phrases-codes. Mais je ne vais pas l’embêter avec ça maintenant.

— Comment vas-tu ? Ça fait des mois que j’ai pas de tes nouvelles, tu étais où ?
— J’étais… Indisposé… Mais ça va mieux. On reprend du service.

Je souris. Je suis sûr que ça s’entend à l’autre bout du fil.

— Il était temps ! Et je suppose que je suis le dernier averti, comme d’habitude ?
— Fais pas ta diva, tu sais très bien que tu es le premier que j’appelle.
— Il y a qui d’autre sur le coup ?
— Je sais pas trop. Le Taulier est resté assez vague. Mais ce qui est clair, c’est qu’on sera pas que tous les deux. Tu es attendu demain au point de rendez-vous B32 et dans deux jours à HQ.
— Bon, à demain alors.
— Non, je suis déjà à HQ. Le Taulier est venu me chercher en personne et en avance.
— Il sait que tu es le seul qui oserait se permettre d’arriver en retard à ce genre de rendez-vous.
— Euh, je crois c’est plutôt pour être sûr que j’ai bien repris tous mes esprits avant l’arrivée de tout les autres.
— Ça avait l’air d’être du sérieux ton indisposition.
— On peut dire ça comme ça. Allez à dans deux jours. Bye.
— Attends. Du coup, pourquoi un détour par le point de rendez-vous si tu n’y seras pas ?
Le Taulier a aussi voulu me rencontrer avant les autres pour m’entretenir de quelque chose d’assez particulier. Je crois qu’il veut aussi t’en toucher deux mots avant que je ne le fasse moi même.

 

Puis le bruit du combiné qu’on raccroche, et le long bip-bip d’une ligne vide. Je raccroche aussi, me retourne vers mon écran et regarde mon dessin en cours. Encore une commande qui ne sera pas payée.

Je me lève et décroche le katana du mur.

 

 

(à suivre)

 

Et si vous avez raté des épisodes :

 

Source photo : collection personnelle du Comte

 

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